Pari gagné à 21 ans pour le Belge Pierre de Maere, avec deux nominations aux Victoires de la Musique française, avant les grands festivals…
Pierre de Maere fait partie de ces artistes qui, sans campagne de promotion classique, peuvent gagner ce que les professionnels de l’industrie musicale appellent la « guerre de l’attention ».
C’est-à-dire flotter dans l’océan des offres musicales actuelles entre vecteurs traditionnels, télévision, presse, radio, et nouvelles rampes de lancement : plateformes, réseaux sociaux et communautés de jeux vidéo en ligne.
Porté par « Un jour je marierai un ange », Pierre de Maere existe dans le streaming musical – près de 40 millions d’écoutes sur Spotify, la première plateforme du marché mondial, sur ce titre – et remplit les salles.
A Paris, il s’est produit en tête d’affiche en 2022 à La Cigale, au Trianon et s’attaque le 12 mai 2023 à L’Olympia.
Cet été, il fera partie du casting des blockbusters français, les Vieilles Charrues et les Francofolies, avec des détours par son pays natal ou encore la Suisse et les Pays-Bas.
Prochaine étape de son lancement le 10 février avec les Victoires de la Musique, dans les catégories « Révélation Masculine » et « Chanson » (avec « Un jour je marierai un ange »).
« Rencontrez Stromae »
« C’est merveilleux, surtout de voir mon nom dans la catégorie +chanson+ face à Stromae, Clara Luciani, OrelSan, Juliette Armanet », se réjouit le Belge rencontré par l’AFP à Paris, où il vient de s’installer.
Il a deux buts aux Victoires.
D’abord, livrer « un live à la télé avec une belle mise en scène à la hauteur de l’événement ».
Ensuite, « rencontrez Stromae », un autre Belge et son idole.
Ce dernier est une source d’inspiration.
Pas dans l’esthétique musicale, Pierre de Maere fait de la pop emphatique quand Stroame remet au goût du jour la sono mondiale.
Mais dans l’importance accordée à l’image — clips, visuels — et dans la volonté de garder le contrôle de sa création de A à Z sans une armée de collaborateurs.
Comme Stromae, qui travaille en famille, Pierre de Maere forme un binôme avec son grand frère, Xavier, 24 ans, ingénieur du son de formation.
« Ancré dans la tête »
Pour le reste, Pierre de Maere joue pleinement la carte du personnage haut en couleur qui rêve de notoriété.
Il vient à une interview dans sa tenue de tous les jours – des chaussures à imprimé léopard – et aime parler de lui à la troisième personne.
« Je ne suis pas encore reconnu dans la rue à Paris, parce que je suis comme un +schlag+ (un raté), alors que pour la télé, j’ai un costume croisé », raconte-t-il.
« Normal que les Parisiens ne reconnaissent pas encore Pierre de Maere, mais l’objectif reste de s’ancrer dans la tête des Français contre leur gré ou non ».
Dans ses chansons, il est à la fois un autre et lui-même.
« J’aime ta violence » est une lettre adressée à la cocaïne, alors qu’il « ne l’a pas vécue ».
Mais « Jour-3 », c’est lui, le romantique qui s’emballe.
« Deux rendez-vous, je ne connais pas le mec d’en face mais j’imagine déjà le mariage et les enfants (rires) ».
Il a déjà le recul pour décortiquer l’évolution de son public.
« La Cigale, c’était le début, il y avait beaucoup de gays, ce n’était pas une cible mais c’était évident et ça me donne une chance de trouver quelqu’un, mais plus ça avance, plus ça devient généraliste, avec des darons, daronnes (pères et mères), les plus jeunes (TikTok a redonné vie à +Un jour je marierai un ange+) ».
Un large public, à l’image de son panorama musical puisque lors de l’interview il cite des repères aussi lointains que Lady Gaga, Billie Eilish, Talk Talk ou encore Zed Yun Pavarotti, un artiste émergent au visage tatoué.