La chanteuse portugaise Linda de Suza, connue pour ses titres en français et dans sa langue maternelle, est décédée à l’âge de 74 ans.
La chanteuse portugaise Linda de Suza, connue pour ses titres en français et dans sa langue natale, est décédée à l’âge de 74 ans. C’est son agent qui l’a annoncé mercredi à l’AFP.
« Son fils Joao Lança et moi avons la douleur de vous faire part du décès ce matin à 10h10 » de Linda de Suza, a écrit Fabien Lecoeuvre dans un communiqué.
La chanteuse est décédée à l’hôpital de Gisors dans l’Eure, « où elle avait été transférée très tôt ce matin même, pour insuffisance respiratoire et positive au Covid 19 », précise encore le communiqué.
« Elle était malade depuis quelques mois », évoque Fabien Lecoeuvre sur notre antenne. « Elle a attrapé le covid dans sa maison de retraite, où elle se trouvait aujourd’hui. »
La valise en carton
En 1984, la jeune femme casse l’écran de l’émission de variétés Champs-Elysées
en racontant à Michel Drucker comment elle a traversé illégalement la frontière franco-espagnole
à pied en 1969, son petit garçon João sous le bras, avec une valise en carton comme seul bagage,
fuir « une famille tyrannique » dans le très conservateur Portugal de Salazar,
où les mères célibataires comme elle n’étaient pas tolérées.
Le lendemain, des téléspectateurs se précipitent dans leur librairie pour réclamer
« le livre de la chanteuse qui est allée chez Drucker ».
Déjà populaire avant l’émission, Linda de Suza, de son vrai nom Teolinda Joaquina de Sousa Lança, née le 22 février 1948 à Beringel, dans le sud du Portugal, change de dimension.
Les ventes de son autobiographie explosent : deux millions d’exemplaires.
Père alcoolique, mère méchante
Elle écrit comme elle parle, d’un style sincère et extatique, n’épargnant aucun détail au lecteur. Son enfance où elle s’occupe de ses sept frères et sœurs, sous l’autorité d’un père alcoolique et d’une mère malveillante.
Puis l’internat, la rencontre à 16 ans avec le père de son enfant, qu’elle refusera d’épouser, l’exode. « Mes copines avaient été interdites de me parler. J’étais la honte du hameau… ».
En France, c’est le bidonville d’Ivry-sur-Seine, travailler dans une conserverie au Kremlin-Bicêtre, puis comme femme de chambre à Paris.
En échange d’un « bol de soupe », si l’on en croit la légende, elle chante Chez Louisette, bistrot brocante de Saint-Ouen, où elle prend la suite d’Amalia Rodrigues, reine du fado.
« Un jour, un compositeur passe et séduit par ma voix, me fait enregistrer une chanson qui s’appelle La Portugaise », raconte-t-elle. Première visite chez Drucker en 1978 : 400 000 ventes.
Chansons sentimentales
Entre variété française et chansons sentimentales portugaises, elle vendra, principalement en France, des millions de disques tout au long de sa carrière, menée par son producteur, Claude Carrère, le pygmalion de Sheila.
Sa recette : des airs entraînants – comme le refrain reggae de Tiroli Tirola – et des textes où elle s’identifie à son public : « Comme toi, j’ai ma vie, j’ai mes joies et mes peines. Et des petits soucis, moi aussi, comme toi.
Linda de Suza enchaîne les tubes, comme Uma moca chorava , Tiroli Tirola vendu à plus de 500 000 exemplaires, Un enfant peut faire chanter le monde, Chuvinha (Petite pluie).
Elle remplit l’Olympia pour deux séries de concerts en 1983 et 1984, puis passe à l’émission pour promouvoir son autobiographie.
Les fans sont friands de son sens de la formule, elle qui répète à l’envi, étant passée « de l’aspirateur au micro » ou « de bonne à femme du monde ».
En 1986, La valise en carton devient une comédie musicale avec Jean-Pierre Cassel, sous la houlette de Maritie et Gilbert Carpentier.
Mais malgré une intense campagne de presse, le Casino de Paris sonne vide.
La chanteuse multiplie les malaises pour surmenage, ce qui oblige le producteur Jean-Claude Camus, furieux, à mettre fin aux représentations.
Dernière tournée avec Age Tendre
Sa famille l’accuse également d’avoir délibérément noirci sa vie. Première traversée du désert.
C’est Michel Drucker, encore une fois, qui lui donne sa chance en 1988 et l’invite à défendre un nouveau disque et son dernier livre, « Je vide ma valise », où elle critique l’industrie du divertissement.
La même année, sa vie est à nouveau adaptée, avec succès, en une série télévisée en six épisodes.
Mais le public la fuit et n’achète plus ses disques. « Il n’y a plus un franc dans ma valise en carton ! », révèle-t-elle en 1997. « Tout le monde m’a volé… ».
Jusqu’à la fin de sa vie, elle affirmera avoir été victime d’arnaques, d’usurpation d’identité et d’erreurs administratives.
Entre 2015 et 2017, elle fera partie de la tournée « Age Tendre », réunissant des chanteurs à succès des années 1980.